Géopolitique du Brexit pour l’Union Européenne. L’avant et l’après brexit avec Donald TRUMP.
I - Avant Brexit:
1/ Les premières crises de l’Union Européenne
Depuis sa création en 1957, l’Union Européenne a dû surmonter des multiples crises. La première, nommée « crise de la chaise vide », désigna la politique de blocage menée par le général DE GAULLE entre juin 65 et janvier 66, où il suspendit la participation de la France aux réunions du Conseil de Ministres, bloquant leurs décisions afin d’éviter la modification du principe d’unanimité dans la prise de décisions au profit de la règle de la majorité. Cette crise s’est résolue en janvier 1966 par le Compromis de Luxembourg , qui mettait fin à la crise institutionnelle en affirmant la nécessité d'une prise de décision à l'unanimité pour les votes importants. Ainsi, la France obtint que lorsqu'une question concerne un « intérêt vital », les membres du Conseil doivent trouver un compromis jusqu'à ce que cette solution fasse un accord unanime.
Le Compromis de Luxembourg fut utilisé en 1992 par le gouvernement BEREGOVOY afin de s'opposer à un accord commercial entre les États-Unis et la Commission dans le cadre des négociations de l’Uruguay Round et, en 2011, le Front de Gauche invoqua le compromis de Luxembourg pour obtenir une clause d’exception pour la France aux dispositions du Traité de Lisbonne.
2/ Conséquences du mode de résolution des crises
Chaque crise, nous l’avons vu, fut résolue dans un délai court et cela, même si nous avons mis longtemps à le comprendre, a permis le renforcement progressif des institutions communautaires qui, peu à peu, ont glissés dans les décisions du Conseil le principe d’intégration supranationale. Ce processus s’est vu accélérer avec l’intégration progressive de nouveaux membres. Ainsi, par exemple, il est intéressant de lire ce que Gérard BAUDSON disait, dans son livre « L’Europe des Apatrides », publié en 1994 : « Une nouvelle réalité émerge en Europe, car plus elle agrandit son espace et ses compétences, plus les peuples qui en font partie ont peur pour leur identité et ils finissent par réclamer plus d’exceptions et de garanties. De 6 pays en 1957, l’Union Européenne passa à 12 en 1986, combien de plus viendront faire partie de l’Union de demain ? 18 avec les anciens de la zone de libre échange ou 25 avec les pays de l’Est ? Notre Europe –concluait l’auteur - ressemble énormément au cercle formé par l’épicentre d’une vague qui au fur et à mesure qu’il grandit devient diffus, jusque disparaître ».
Gérard BAUDSON , avec cette métaphore, nous a décrit une réalité physique transposée dans la sphère politique, situation qu’il regarde avec peur et un certain fatalisme.
3/ Etapes du processus de consolidation politique et économique de l’U.E. L’influence britannique
1957-1973 : L’U.E., fondée le 25 avril 1957 par l’Allemagne, la Belgique, la France, la Hollande, l’Italie et le Luxembourg, établissait, avec le Traité de Rome, les piliers d’une nouvelle utopie qui se consolida (avec le Compromis de Luxembourg) pendant les 16 premiers années de vie (1957-1973).
1973 : Cette année marque un tournant dans l’histoire de l’Europe, car la crise d’inconvertibilité du dollar en or, commencée en 1971, se transforme deux années plus tard en crise du pétrole, paralysant une grande partie des investissements structurels de l’Union Européenne et, même si cela a pu être oublié, en 1973 la Grande Bretagne s’incorpore à l’Union Européenne, et avec elle, l’Irlande et le Danemark.
Mais la Grande Bretagne n’est pas un pays simple pour l’Union Européenne, car c’est un ancien empire colonial, où son Chef de l’Etat (Elisabeth II) reine sur 16 pays et reste la personnalité de plus grande influence en 53 Etats, étant par ailleurs le fondateur de l’Association Européenne de Libre Echange (EFTA), créée en 1959 pour contrecarrer la naissante puissance de l’Union Européenne, née en 1957. Pour beaucoup d’analystes, le « Cheval de Troie » venait d’entrer et rien ne serait comme avant, tant sur la signature des accords internationaux que sur la direction donnée aux transformations financières.
1975 : Cette année, comme conséquence de l’inconvertibilité du dollar en or et donc de la chute du dollar et de l’augmentation des prix du cru, le système d’échanges, connu sous le nom de Serpent Monétaire Européen où les parités des monnaies européennes se calculaient par rapport au dollar, éclate en mille morceaux. Le taux de change des monnaies flotte librement et le commerce intra-européen se ressent à tel point qu’en octobre 1979 se produit le Krach de la Bourse, en même temps qui démarrait une deuxième crise énergétique.
1979 : Dans ce chaos ambiance, et après quatre années de discussions avec la Grande Bretagne pour approuver la 1ère Directive de Coordination Bancaire, né, en marge de la City et donc, de la Grande Bretagne, le SME (Système Monétaire Européen) qui substitue l’ancien Serpent Monétaire et dont la caractéristique principale est que les monnaies européennes pourront s’échanger entre elles sans passer par le dollar, grâce à la création d’une Unité de Compte Européenne (ECU), qui représente, en termes de pourcentages, la part de chaque pays du système, dans la masse monétaire globale, pondéré par la situation économique de ce pays et l’évolution de son volume d’échanges, révisable tous les cinq ans. Ce système, créé en 1979 et qui donnait à l’U.E. son indépendance du dollar, a réussi à stabiliser les flux monétaires et révolutionna les échanges européens jusque des niveaux jamais vus auparavant. Sa création constituait, pour l’U.E., une renaissance, une réplique du Big-Bang initial de 1957 où, la Grande Bretagne, était toujours absente.
Si par exemple, aujourd’hui, l’Union Européenne décidait d’abandonner l’Euro, c’est vers l’ECU du SME de 1979 qu’elle devrait diriger ses pas.
Les années de croissance qui ont suivi la création du SME, ont facilité la création des échanges Erasmus, des échanges qui ont permis de consolider la paix, la solidarité et la réaffirmation d’une identité européenne. Cependant, comme dans tout processus de construction complexe il a fallu surmonter des difficultés, très souvent liées au budget de la PAC, systématiquement rejetés par la Grande Bretagne et qui ont conduit au conflictuel Chèque compensatoire que l’U.E. devait donner à la Grande Bretagne pour que celle-ci accepte le principe de préférence communautaire face à ses anciennes colonies.
1986 : Avec l’incorporation d’Espagne et du Portugal en 1986, l’U.E. devient un ensemble de 12 pays en croissance, et cela se manifeste par une réflexion positive des processus d’intégration, qui détermine la naissance des nouveaux objectifs de Marché Unique définis dans l’Acte Unique de 1987, aussi appelés Accords de Luxembourg.
1992 : Aucune Nuit de Noces n’est éternelle, ainsi, en 1992, quand la date limite pour l’instauration de Marché Intérieur arrivait à échéance, des nouvelles normes financières entraient en fonctionnement, comme par exemple les directives de libre circulation de capitaux qui ont si bien défendus les lobbys britanniques de la City et qui ont obligés à une modification de normes européennes régulant le crédit, signées à Bâle le 15 décembre 1989. Des normes que SOROS s’est empressé d’employer à son propre bénéfice contre le Système Monétaire Européen entre fin 1992 et 1993, Système qui avait permis 13 années de croissance, de bien-être et de stabilité de changes.
4/ La politique Allemande de l’Union Européenne : Entre temps, l’Allemagne réussissait l’unification des deux blocs, avec l’appui financier et solidaire des autres membres de l’U.E. (La Grèce incluse).
Ce fait marquera la politique de l’Union pendant toute la décennie où elle ouvrira ses portes à tous les pays de l’Est, satellites de l’industrie allemande. Cet élément de la géopolitique intra-européenne est une des clés qui expliquent, en partie, les difficultés pour arriver à un accord en ce qui concerne la politique de croissance et consommation dans l’Europe d’aujourd’hui, car ayant donné le feu vert à l’ampliation allemande et à l’ouverture aux pays de l’Est, l’U.E. a priorisé une politique de stabilisation des prix, voir inflation zéro, et de contention des salaires, avec flexibilisation totale du marché du travail, afin de faciliter et garantir les exportations allemandes face au géant chinois. Mais cette politique exigeait la modification du SME dont la flexibilité permettait des dévaluations compétitives, génératrices d’inflation, ainsi que l’application solidaire de mesures correctives gérées par les banques centrales, afin de stabiliser les marchés de changes. La nouvelle politique allemande ne pouvait pas se permettre ce mode de fonctionnement, qui avait pourtant fait ses preuves, et c’est ainsi qui est né le projet EURO.
2000 : La création de l’Euro, conduit vers une nouvelle modification des normes comptables et financières de Bâle, expressément adaptées à la nouvelle politique Allemande mais qui résultent complétement absurdes pour les économies européennes avec une main d’œuvre jeune qui, pour se développer et générer de la croissance, a besoin de crédit bancaire et d’un certain degré d’endettement, ce que, évidemment, produit un certain degré d’inflation. Or, ce modèle est tout-à-fait contraire au projet allemand, car l’Allemagne a besoin d’une complète stabilité des prix, nécessaire pour une population retraitée très nombreuse et avec son épargne placé dans des multiples fonds de pensions que circulent par la City de Londres.
Par ailleurs, dans cette période, la Bourse européenne siège définitivement à la City de Londres, par où transite l’épargne de tous les européens. Ce phénomène a un impact fondamental sur la disponibilité de crédit dans le continent car, les nouvelles normes de Bâle, ont modifiés les ratios de fonds propres bancaires, en fonction de la destination des prêts, plutôt qu’en fonction du risque ou de l’utilité social des prêts. Le résultat est aberrant, à tel point que les banques, avec ces normes, peuvent financer de la dette publique grecque avec les dépôts des épargnants mais, pour financer une PME, doivent exclusivement utiliser des fonds propres. Cela explique la rareté de crédits et la situation de crise européenne de laquelle nous ne sommes pas capables d’en sortir.
A cet ensemble fortuit de circonstances il faut ajouter la presque complète disparition des Caisses d’Epargne, lesquelles, n’ayant pas les mêmes obligations que les banques, pouvaient assurer la disponibilité de crédit sur l’ensemble de l’U.E., leur disparition a provoqué un vide dans le système de crédit aux PME et aux ménages tout en bénéficiant les Fonds d’Investissement de la City, qui sont habituellement bien placés en dehors de l’U.E., provoquant une forte limitation des flux monétaires dans l’Union et par conséquence, contrôlant l’inflation, même si pour cela, il faut empêcher la croissance, l’emploi et un future digne aux jeunes de l’Union Européenne.
2006/2007 : La situation juridico-économique que nous venons de décrire était difficile à décrypter, tant les effets pouvaient avoir, selon les experts, des origines différentes.
C’est alors qui entre scène la Grande Crise Internationale qui a fait sortir à la lumière la gravité de la situation, le manque de control des autorités et les premiers doutes sur le modèle économique et social qu’à notre insu avait été installé en Europe. De plus, ajoutant à la crise, la mauvaise gestion de l’image et de l’utilité de l’Union Européenne et un peu de démagogie politique, surgissent des nouveaux mouvements populistes et nationalistes qui annoncent la désintégration de l’Union Européenne.
5/Le déclenchement de la grande crise : Les Subprimes
La crise des « subprimes » fut importée des EEUU à travers la City, qui l’a converti en crise bancaire. La crise bancaire, par effet de lobbys et les normes de Bâle, fut absorbée par les aides données par les Etats aux banques, qui par ailleurs finançaient la dette de ces Etats, et ces aides ont converti les crises bancaires en crise de dette, et compte tenu du manque de solidarité imposé par les exigences de l’Euro, les influentes Agences de Qualification (de Grande Bretagne et des EEUU) ont attaqué les pays qui ne suivaient pas la discipline imposée par le modèle allemand qui a donné naissance à l’EURO, fondamentalement en Grèce et dans le groupe de pays appelés par les anglais : PIGS.
La crise de dette est devenue après la crise de l’EURO et la Crise de l’EURO ne s’était pas encore transformée dans une autre crise quand la guerre syrio-iraqui, unie à la chute des prix du pétrole, provoqua l’arrivée massive de migrants et réfugiés, rallumant les brasses des nationalismes latentes et les fantômes du passé de l’Europe que l’U.E. avait réussi à dominer.
II – L’Après Brexit avec Donald TRUMP
Dans ce chaos apparente, surgis le Brexit avec toute sa logique et sa force.
La logique des faits et la force de l’impact psychologique d’un fait que les élites européennes ne s’attendaient pas, comme elles ne s’attendaient pas non plus le résultat des élections américaines.
Ma surprise vient du fait d’observer que certains pleurent le départ de la Grande Bretagne au même titre que l’arrivée au pouvoir de TRUMP aux EEUU, et d’autres chantent d’allégresse, mais personne ne décrit quel doit être le positionnement de l’Union Européenne face au nouveau défi qui représente la fin de l’ère OBAMA et face aux programmes géostratégiques que la Grande Bretagne, avec l’appui des EEUU, est en train de développer déjà sur des territoires et des secteurs où les pays de l’Union Européenne, et l’Union Européenne dans son ensemble, ont des intérêts stratégiques.
1] Les priorités de l’Union Européenne
Les circuits financiers de l’épargne européen doivent être contrôlés par une autorité de l’Union Européenne et sur le territoire européen, c’est-à-dire, la Bourse globale de l’Europe, ne doit plus rester ni passer par la City.
Il faut modifier les normes de Bale et les adapter aux objectifs de l’U.E. Nous ne pouvons plus continuer à cautionner que nos objectifs soient dépendants des normes comptables qui ont été établies de manière obscure, par des comités techniques orientés et conditionnés par les lobbys anglo-saxons.
Il faut réintroduire les Caisses d’Epargne et permettre ainsi le développement du petit crédit aux familles et aux PME.
Il faut multiplier les programmes Erasmus intra-européens et des européens avec l’Amérique Latine, où les britanniques et les EEUU ont des intérêts stratégiques, et il ne faut pas exclure nul pays, car si nous faisons ainsi nous perdons l’image devant tous les autres. Nous devrions rapidement réintroduire dans ces programmes, l’Equateur, Paraguay, la Bolivie et la Rép. Dominicaine.
Il faut appuyer les programmes de création de nouveaux territoires d’innovation et d’apprentissage, en Amérique Latine (donnant priorité au Mexique, la Caraïbe et l’Amérique Centrale, compte tenu de la géopolitique TRUMP) et en Afrique, comme ceux définies par l’UNESCO et le CMA. L’impact économique et culturel de notre démarche nous rendra bénéficiaire à moyen et long terme.
Il faut sortir du monolinguisme imposé par la Grande Bretagne depuis des décennies et qui voudrait réimposer les EEUU, excluant l’espagnol de son territoire, car ce monolinguisme affecte négativement l’affirmation positive de l’identité des non anglophones et il est à l’origine de l’appauvrissement des débats de fond de notre société, provoquant cette situation d’indétermination qui plane sur les paramètres qui conditionnent notre avenir et notre capacité à créer de la richesse. Dans ce sens, je crois qu’il faut promouvoir la francophonie et l’hispano-phonie, car ces deux langues ensembles représentent environ un milliard de personnes entre l’Afrique et l’Amérique Latine plus les Etats Unis et le Canada, sans compter les 120 millions de l’Europe.
Il faut anticiper, élaborer et proposer, avant les EEUU et autres, des accords économiques, commerciaux et de développement culturel et touristique, ainsi que d’éducation et apprentissage, adaptés à notre manière de comprendre le monde et nos idéaux, à toutes les pays ou zones économiques repérées et d’intérêt stratégique pour l’Union Européenne.
Il faut récupérer une politique agricole commune cohérente, qui sauvegarde notre diversité, qui garantisse l’autosuffisance et les quotas de pêche menacées par le Brexit, qui permette de maintenir les rentes des agriculteurs équivalentes aux rentes de l’industrie et des services et qui empêche une concentration abusive des exploitations et des brevets de production agricole.
Il faut valoriser nos universités et centres de recherche européens facilitant l’accès au crédit pour des projets innovants mais aussi pour les publications scientifiques en plusieurs langues et la publication de thèses et de travaux de recherche dans la langue d'origine du chercheur. Eviter que ce savoir-faire s’en aille vers l'extérieur de l'U.E., exige une politique active de protection culturelle et du patrimoine représenté par les savoirs traditionnels. Nous devons donc revoir le système des brevets et protéger les petits créateurs de la voracité des grandes corporations internationales.
2] Les priorités pour la Grande Bretagne :
Il faut prendre conscience que pour la Grande Bretagne, le Brexit n’implique pas nécessairement un isolement mais plutôt une reconfiguration géostratégique de ses intérêts du côté de son partenaire traditionnel, les EEUU.
Par exemple, en ce qui concerne l’ancien empire colonial, selon la BBC, Elisabeth II reine en 16 pays et reste la personnalité de majeur influence en 53 Etats, car contrairement à ce qui s’est passé avec l’empire espagnol, la plupart des anciennes colonies britanniques ont préférés se convertir en monarchies constitutionnelles et maintenir Elisabeth II comme leur Reine et Chef d’Etat. A cette circonstance nous pouvons ajouter que les EEUU maintiennent avec le Royaume Uni une “relation spéciale” de coopération diplomatique et militaire très approfondie, que l’analyste et Directeur de la Fondation Vivian Trias nous explique plus en détail :
L’Amérique Latine : Presque deux siècles après la signature de la Convention de Paix avec laquelle l’Angleterre créait l’Uruguay, Tabaré Vázquez (actuel Président de l’Uruguay) a fait savoir qu’il souhaitait la signature d’un Traité de Libre Commerce avec le Royaume Uni. La conclusion de ce traité voudrait dire le retour formel des intérêts britanniques en Uruguay et un rapprochement stratégique de l’Atlantique Sud, c’est-à-dire, de la Terre de Feu, l’Antarctique et la route bi-océanique grâce à sa collaboration avec les EEUU et au rapprochement du gouvernement argentin aux EEUU, en devenant associé pour l’OTAN et en convertissant Ushuaia dans une base logistique pour l’exploitation des ressources de l’Antarctique, en collaboration avec les EEUU et son associé la Grande Bretagne.
Partenariat avec les EEUU, Canada, Australie et Nouvelle Zélande : Autrement dit, avec le Brexit les anglais ont décidé de rester plutôt que comme partenaires de l’Europe, comme partenaires privilégiés des EEUU dans le cadre militaire et de la recherche sur l’armement nucléaire et sur les réseaux d’information. Le nouveau gouvernement nord-américain ne fera que renforcer cette collaboration. Il faut se rappeler que la construction de la première bombe atomique fut le résultat d’un projet anglo-américain appuyé par l’étroite collaboration canadienne, avec qui l’Europe a, finalement, signé l’accord CETA et si nous faisons ce rappel c’est parce que les accords anglo-américains BRUSA de 1943 et UKUSA de 1946 (amplifié au Canada, l’Australie et la Nouvelle Zélande), régissent la coopération militaire en matière d’intelligence, d’espionnage satellite et digital et de contrôle des communications internet et réseaux sociaux. Ces 5 pays forment ce que l’on appelle « le Club des 5 Yeux », et ses systèmes de renseignement ont servi à l’Angleterre pendant la guerre des Malvinas et permis, aux EEUU, d’espionner nos respectifs gouvernements, comme s’est passé récemment à l’Elysée et au Brésil, des actions déontologiquement très douteuses entre des pays amis et qui s’expliquent par le fait que l’alliance anglo-américaine souhaite fortifier l’OTAN dans l’Europe post brexit avec des bases renforcées dans les pays baltiques par la présence de canadiens, anglais et nord-américains, et trouver ainsi une justification pour s’opposer à la renaissance d’une Union Européenne de Défense, qui puisse agir indépendamment de l’OTAN. L’Union Européenne doit agir vite sur ce sujet et dépoussiérer ce vieux projet, plus que jamais d’actualité.
L’OTAN et l’ONU : Une autre circonstance qui explique pourquoi la Grande Bretagne s’est toujours opposée à l’UED, et a refusé la modification du système de vote et de veto de l’ONU, approfondissant ses liens avec l’OTAN, est le fait que l’Atlantique Sud est toujours parcouru par des sous-marins des EEUU et de la Grande Bretagne et que leurs respectifs gouvernements, ainsi que celui du Canada, ont bloqué à l’ONU la Déclaration de l’Atlantique Sud comme Zone de Paix et libre des armes nucléaires. L’Union Européenne devrait signer un accord de collaboration logistique et militaire avec MERCOSUR et UNASUR, à travers l’UED
Conséquences pour l’U.E. : Nous regardons toujours le Brexit par rapport aux intérêts de l’Europe continentale et ses problèmes économiques, mais nous devrions regarder aussi comment la Grande Bretagne définie ses priorités géostratégiques dans d’autres zones du monde et analyser quelles seraient les conséquences à moyen terme de la nouvelle stratégie britannique, sur une Union Européenne que, même riche, faute d’avoir une UED, perds tout son poids politique dans les décisions à caractère internationale et géopolitique.
Traités de Libre Commerce : Ainsi nous voyons qu’en Amérique Latine l’hypothèse d’un nouveau Traité de Libre Commerce entre la Grande Bretagne et l’Alliance du Pacifique est déjà sur le tapis. De cette manière l’Angleterre renforcerait la politique nord-américaine dans sa quête pour faire signer à tous les pays de la région son Traité Trans Pacifique (TTP) et toute sorte de traités bilatéraux de libre commerce, ce qui finirait par éliminer Mercosur et tous les projets d’intégration sud-américaine, comme par exemple UNASUR. L’Union Européenne doit agir avant.
Le droit de veto à l’ONU : A ce sujet, c’est-à-dire, concernant le mode de fonctionnement de l’O.N.U., on constate que sur les 193 pays membres, il y a seulement 5 (EEUU, UK, France, RUSSIE, CHINE) qui ont, individuellement, le droit de veto sur n’importe quelle résolution affectant à la planète toute entière, et – précisément – ce sont eux les plus grandes pollueurs de la planète, exception faite, peut-être, de la France. Par ailleurs deux de ces 5 pays sont des alliés de longue date : les EEUU et la Grande Bretagne.
Cette situation, dans le moment présent, est très dangereuse car là où deux pays peuvent freiner les résolutions des 191 restants se pose un grave problème de légitimité et d’équilibre international. L’Union Européenne, compte tenu des derniers mouvements britanniques aurait intérêt à prendre l’initiative et proposer une nouvelle philosophie de vote, c’est – à – dire, que les décisions tiennent compte de la régionalisation de certaines zones géographiques qui, organisées et légitimées, deviendraient des membres permanents de l’ONU. Ainsi, par exemple, les pays de l’Amérique du Sud unis, auraient une seule voix en tant que représentant permanent, c’est-à-dire, avec le droit de veto, équivalent à celui des Etats Unis de l’Amérique du Nord ou de la Grande Bretagne. Cela renforcerait les liens de ces pays à travers une organisation légitimement constituée, comme par exemple UNASUR, qui aurait réellement la force de défendre leur propre biosystème et compréhension de l’existence, ce qu’aujourd’hui, ont du mal à défendre, mais cette situation pourrait changer si l’U.E. collaborait avec cette zone à travers d’accords culturels, logistiques et militaires véhiculés par l’UED.
Le même principe pourrait s’appliquer à l’Afrique et à l’Europe. Il est nécessaire de rappeler que pendant la COP 21, Rafael CORREA, Président d’Equateur, proposait une charte des droits de la Nature, la gratuité de l’accès aux biens de la nature et la mise en place d’une Cour Internationale de Justice contre les crimes contre la nature, proposition qu’irait contre le contrôle par les EEUU des zones de passage de l’Atlantique Sud entre la Patagonie et l’Antarctique où se promènent ses sous-marins nucléaires. Cette proposition pourrait devenir une réalité, seulement, dans le cadre de la réorganisation régionale du droit de vote et du droit de veto onusienne que nous défendons, faute de quoi, l’ONU devrait vivre une refondation adaptée à notre époque et au nouveau contexte géopolitique.
Compte tenu des analyses qui ont été faits, nous devrions élaborer un mémorandum sérieux des implications géopolitiques et géostratégiques du Brexit.
José Francisco R. QUEIRUGA