La pandémie actuelle, conséquence du coronavirus, a détruit des vies et une partie de notre économie mais, ce n'est pas la fin du monde. Bientôt, nous devrons recommencer à vivre, à mettre en place des projets et à marcher vers la construction d'un monde meilleur.
L'histoire de l'Europe est remplie de moments tragiques mais aussi épiques, elle s'est forgée par la volonté et persévérance de ses citoyens, sans oublier les avancés de la science et l'intelligence politique de ses élites. C'est dans cet esprit que je rappel, dans ce texte adressé à la gouvernance européenne, de ces difficiles moments, deux faits d'une importance capitale dans la consolidation de notre culture.
En 2021, à partir du 25 juillet, s'ouvre à nouveau l'Année Sainte, l'Année du Jubilé. Pendant toute cette période, des millions de personnes -avec ou sans COVID - se lanceront sur les routes pour parcourir le "Chemin de Compostelle". Les parisiens partiront de la Tour Saint Jacques direction Compostelle, pour faire renaître la tradition spirituelle européenne, tradition que, dans ces débuts, a mis en valeur l'idée de construire une Europe chrétienne pour faire face à l'Islam, réussissant ainsi une union que la simple politique a du mal à tenir.
C'est en Espagne, dans sa partie la plus occidentale, que pendant les XIème, XIIème et XIIIème siècles, les responsables politiques ont pris conscience du besoin de renforcer l'union spirituelle et politique des peuples européens. Ce mouvement a été suivi, avec ferveur, par la France et par tous ses voisins. Grâce à cet esprit d'union, les espagnols ont pu continuer la reconquête des territoires perdus face à l'Islam et finir - en 1492 - cette tache avec la reprise de Grenade par les Rois Catholiques (Isabelle de Castille et Ferdinand d'Aragon). Mais l'histoire ne s'est pas arrêtée là car, en octobre de la même année, le marin et noble espagnol Pedro Alvarez de Sotomayor, plus connu sous le nom de Cristobal COLON, découvrait le continent américain et des populations inconnues jusque ce jour. Ce rencontre de civilisations fut le début de la globalisation avec les abus que toute mondialisation engendre. Ce n'est que grâce à la vision stratégique et humaniste de la reine Isabelle que la catastrophe a été évité car Isabelle a permis l'introduction de ce que nous appelons aujourd'hui les "Droits Humains".
Par son testament de 1504, concernant la protection des populations américaines en tan que sujets de la couronne, ainsi que la promotion de mariages mixtes entre les espagnols et les populations américaines, Isabelle a donné naissance à une nouvelle civilisation avec la complexité que représente la rencontre de deux mondes, et cela a été la base pour que son petit fils, l'Empereur Charles V et le fils de Charles: Philippe II, continuent son œuvre et modifient la législation du travail pour l'adapter au nouveau monde, mettant l'Espagne du XVIème siècle dans l'humanisme du XXème.
Pour cette raison, en 2022, avec la pandémie du COVID 19 maitrisée - nous l'espérons - et avec l'espoir de voir que la crise économique qui nous harcèle aujourd'hui, ne sera plus à l'ordre du jour, nous fêterons les 429 ans de l'implantation, par l'Espagne, de la journée de 8 heures de travail, ainsi que la semaine de 5 jours ouvrables.
J'imagine le geste interrogatif de certaines personnes suite à la lecture de cette information, mais le fait est que par les "Lois de Burgos de 1512", complétées par les "Lois Nouvelles de 1542 et l'Edicte de Philippe II de 1593, afin d'éviter les abus commis par certains concessionnaires, s'imposa la journée de travail de 8 heures et l'interdiction du travail de nuit. En plus, les Nouvelles Lois, établissaient le repos du dimanche et jours fériés, instaurèrent ainsi la semaine de 5 jours ouvrables, une vrai révolution. Nous vous transmettons le texte légal, en espagnol. La Loi VI de l'Instruction de 1593, incluse aussi dans la compilation des Lois des Indes: Livre III, Titre VI, Loi VI:
«Todos los obreros de las fortificaciones y las fábricas trabajarán ocho horas al día, cuatro por la mañana y cuatro por la tarde; las horas serán distribuidas por los ingenieros según el tiempo más conveniente, para evitar a los obreros el ardor del sol y permitirles el cuidar de su salud y su conservación, sin que falten a sus deberes»
Ley VI de la Ordenanza de Instrucción de 1593. Incluida también en las Leyes de Indias (Libro III Título VI Ley VI)
Los trabajadores también gozaban de vacaciones y recibían diez días al año, percibiendo íntegro el salario, y si les ocurriese un accidente laboral tenían derecho a recibir media paga si resultaban heridos:
«Si el trabajador se descalabrase que se le abone la mitad del jornal mientras dure la enfermedad».
En el libro «Código del trabajo del indígena americano» el académico e historiador canario Antonio Rumeu de Armas nos señala que las Leyes de Indias garantizaban la jornada de ocho horas y se cumplía.
Con la excepción de los trabajadores en las minas, a éstos por la dureza del trabajo, la jornada se reducía a siete horas: «Desde las siete de la mañana hasta las cinco de la tarde, para que se conserven mejor».
Le XVIème siècle c'était un moment clé de l'histoire d'Espagne et du Monde car nous venions de finir la circumnavigation de la terre avec Juan Sébastian EL CANO, et l'Ecole de Salamanca commençait à devenir la référence mondiale, créant les bases futures de l'illustration.
Pour résumer, le Chemin de Compostelle a facilité l'union des peuples d'Europe pour faire face à l'Islam, créant l'idée d'une communauté spirituelle et politique, concrétisée aujourd'hui par l'Union Européenne. En outre, les Rois Catholiques ont introduit dans notre système de pensée un certain humanisme, développé plus tard comme les "Droits de l'Homme". N'empêche qu'ils ont devancé tous les autres régimes européens, et du monde, avec l'introduction de la journée de 8 heures et la semaine de 5 jours.
L'Europe d'aujourd'hui devrait faire un effort de mémoire et de reconnaissance envers l'Espagne, et nous, les espagnols, nous devrions créer les conditions pour faire revivre le "Fénix" de l'Hispanité et pour éviter que les pirates du pouvoir, stigmas de la plus abjecte multi culturalité, prennent la direction des Institutions Européennes et de notre pays, et nous conduisent vers le chaos et la désintégration de notre identité.
Peut-on faire quelque chose ? Même si nos politiciens - comme des poules avec la tête coupée - ne semblent pas savoir dans quelle direction marcher, la solution, pourtant, existe :
Tout d'abord, il faut prendre conscience de notre histoire comme un tout, celle de l'Espagne péninsulaire et de l'Espagne américaine, afin d'obtenir une certaine cohésion citoyenne reconnaissante des mêmes valeurs morales.
Avec cela réussi il faut tout faire pour faciliter la mobilité intra régionale et interrégionale entre les espagnoles des deux hémisphères. C'est-à-dire, créer une sorte d'Erasmus national pan-hispanique qu'améliore la connaissance mutuelle entre les espagnols de différentes origines et configure les bases éducatives, comportementales et professionnelles de la cohésion hispanique.
Pour finir, il faudrait automatiser la loi d'obtention de la nationalité espagnole de tout hispano américain dont une partie de ses racines se trouvent en Espagne, comme ça a été fait pour les descendants des juifs séfarades, car en reconnaissant nos frères hispano américains comme des légitimes espagnols, ils deviennent, de facto, des citoyens de l'Union Européenne et l'augmentation du poids démographique espagnol que cela représenterait dans le recensement électoral, tant pour les élections en Espagne que pour les élections au Parlement Européen, nous mettrait en égalité de conditions que la France ou l'Allemagne pour réclamer le droit de veto lors des modifications de règlements ou de directives de l'Union Européenne qui ne nous conviennent pas.
Ce dernier aspect est plus important aujourd'hui que jamais, compte tenu du Bréxit britannique et des futures négociations pour la résolution du conflit de Gibraltar, mais aussi pour la protection de Ceuta, Melilla et les iles Canaries ainsi que pour le retour de l'Espagnol comme langue officielle dans l'Office Européen des Brevets et dans toutes les institutions européennes et internationales en général (En dehors des 46 millions de personnes parlant l'Espagnol en Europe, il y a 550 millions hispanophones dans le monde).
Cette nouvelle situation de l'Hispanité au sein de l'Europe, avec des avantages indéniables pour tous les hispano américains espagnols et leur poids dans la politique européenne et mondial, est donc possible, et serait la continuité de ce qu'avait commencé en 1492, la Reine Isabelle et, peut-être avant, avec la création du chemin d'union spirituelle et politique de l'Europe:
le Chemin de Saint Jacques !
J. F. R. QUEIRUGA
Économiste, diplômé en Droit de l'Union Européenne
Président de la Chambre de Commerce Latino-Américaine et d'ULYSSE SAS
Secrétaire Général du CMAtlv, partner d'ICB Consulting et de Parnasse Académie
Ambassadeur du Réseau Monde Atlantique
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